Tout juste distinguée de l’insigne de chevalier de la légion d’honneur, pour ses travaux d’archéo-anthropologue, Françoise Le Mort revient sur des moments forts de son parcours à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée de Lyon. Elle vient aussi de passer le témoin de la direction à Sabine Fourrier.
Pensons à ce premier navigateur, transportant le premier bœuf, qui débarquait, bien avant Ulysse, à Chypre. Il ne pouvait pas se douter de l’importance de son voyage pour l’avènement de l’agriculture au Néolithique en Europe. il ne doutait pas non plus le faisceau de recherches scientifiques d’aujourd’hui se tourne aujourd’hui vers son périple d’orient. C’est le rôle de la maison de l’Orient et de la Méditerranée MOM, de fédérer, depuis ses locaux proches des quais du Rhône, les travaux archéologiques et décrypter de tels évènements. Imaginons qu’un télescope virtuel tourné vers l’Histoire ancienne serve les services et laboratoires de la MOM. La révolution numérique récente facilite le changement de focale de l’instrument, autant des marges du lointain Caucase, qu’aux proches sous-sols du Lyon antique.
sépulture de Koban, cédit pixabay
Le déménagement du musée Guimet en 2014, a opportunément permis d’ouvrir un volet de recherche sur une sépulture du Caucase, découverte au dix-neuf siècle, présentée aujourd’hui au musée Confluence.
“étudiez la nécropole de Koban, comme si vous la découvriez maintenant” injonction de la métropole de Lyon, au laboratoire.
L’empreinte des isotopes chimiques annonçait alors une surprise, et de nouvelles pages d’Histoire à fouiller : le millet, végétal à photosynthèse type C4, était l’alimentation principale du caucasien, en dépit de la géographie limitée de cette céréale protéinée connue jusqu’alors seulement en Asie.
“on ne regarde plus tout de l’angle d’Athènes” Sabine Fourrier, directrice
Depuis son voyage initial, notre marchand n’imaginait pas non plus la centralité des enjeux politiques qui ont glissé de la Grèce, à la Perse, à la Syrie d’aujourd’hui. Le travail de la MOM aide aussi à moduler certains prismes de nos pays à pointer ce télescope de l’histoire trop en fonction de leurs anciens intérêts de colonisateurs, ou des chapitres de leurs propres livres.
La participation des chercheurs lyonnais à l’exposition Toutankhamon Paris-La Villette en 2019, marque aussi des invariants comme l’attrait pour l’Égypte.
“le désert Égyptien conserve encore des trésors” La directrice
La néolithisation à Chypre, période du passage des hommes du statut de chasseur à éleveur, concentre des thèmes cruciaux d’anthropologie qui résonnent avec l’actualité de notre époque. Les chercheurs de la MOM, découvrent par exemple des zoonoses de pandémies, comme la tuberculose, avec les premiers élevages de bœufs, possibles sources pathogènes.
Il reste de nombreux chaînons manquant chypriotes, notamment vers – 10 000 av. J.-C., les anthropologues tomberont-ils aussi sur la barque de notre phénicien, et sur l’explication de son trafic bovin ?
https://www.mom.fr/, le site de la maison de l’Orient. https://www.archeorient.mom.fr/ le laboratoire d’origine de Françoise Le Mort
https://www.facebook.com/MOMCommunication/
Avec “la science ouverte”, la Maison de l’Orient de et la Méditerranée de Lyon participe activement au nouvel élan européen de la communauté scientifique.
Deux axes ont été développés ces dernières années, pour objectif de rapprocher les enjeux de la science, et en particulier des sciences humaines, des enjeux de la société en général : d’un côté vis-à-vis des travaux des chercheurs, et d’un autre vers le grand public par la médiation culturelle.
Du point de vue des chercheurs, la nouveauté se concrétise par une plateforme numérique Huma-num, qui met en œuvre la notion de FAIR, acronyme de Facile à trouver, Accessible, Inter opérable, Réutilisable. Les services techniques, et les chercheurs des laboratoires hébergés par la Maison de l’Orient et de la Méditerranée travaillent ainsi sur de nouveaux outils et formats de données communs, au bénéfice du plus grand nombre. Pour ce qui est du grand public, La MOM s’attache à organiser des évènements, à diffuser la vulgarisation scientifique, et renferme une riche bibliothèque dans ses locaux de Lyon 7. Son rôle actif dans les musées, comme celui de Confluence, témoigne de son ancrage fort dans la région. On ne sera alors pas étonné que les médias et artistes s’approprient aussi le sujet de la médiation culturelle de la science. La vulgarisation scientifique passe aussi par les ondes des émissions de radio, comme Carbone14 sur France culture de 19 h 30 à 20 h le samedi. La mission archéologique française de Kition, Chypre, peut être suivie sur le web en “storry map”, ou cartes narratives.
Au laboratoire Arche orient de la MOM, On découvre que l’archéologie se prête aussi bien aux scénarios captivant de “serious game”. le mystère de la malédiction de Toutankhamon flotte encore en ces temps de pandémie. On s’identifie aisément avec Howard Carter en 1922, dont l’assistant, au dernier coup de pioche, à l’entrée du tombeau du Pharaon demande : “vous voyez quelque chose ?”, et l’explorateur de répondre “oui, des merveilles”. Mais Sabine Fourrier nous prévient aussi de certaines limites. La série télévisée “the detectorists”, à cette fois mordu un peu le trait. Derrière l’humour typiquement anglais, les diffuseurs français ont omis de rappeler que la fouille privée de métaux est interdite en France, car elle nuit aux recherches officielles, au grand dam des amateurs de trésors saxons ou romains enterrés dans leur jardin.
https://www.huma-num.fr/
https://www.museedesconfluences.fr/fr
https://storymaps.arcgis.com/stories/a39b137181a54648859ace44f3a35ac1
(mission Kition, Chypre)
https://archeologie.culture.fr/fr/focus/past-curious-serie-archeologie
https://www.huma-num.fr/hnlab/“scientifiques en résidence”
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-020165/detectorists/
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